Fin février, l’édition principale du «Tagesschau» de la chaîne allemande ARD avait proposé un reportage sur la situation économique actuelle en Allemagne. On y avait appris que Stihl, le leader mondial de matériel de motoculture forestier, compte déplacer son projet d’extension de sa production en Suisse, plus précisément à Wil (SG), et non plus en Allemagne même si les travaux avaient déjà commencé à Ludwigsburg! Le président du conseil d’administration, Nikolas Stihl, s’en est expliqué ainsi: «Les employés helvétiques sont payés davantage, mais les coûts totaux, qui se composent également de taxes, d’impôts et de coûts énergétiques font que la production en Suisse est moins chère qu’en Allemagne.» Stihl a raison: l’Allemagne, qui semblait être un modèle de transition énergétique jusqu’alors, subit désormais des coûts énergétiques et des charges fiscales très élevés. À tel point que les industriels en viennent à fuir le pays. Mais le fait qu’elle s’installe dans un pays à hauts salaires comme la Suisse a de quoi surprendre... dans le bon sens.
Les approches constructives ne manquent pas dans la politique climatique suisse et pourtant la contradiction n’a jamais semblé aussi grande quant à la manière de concilier protection du climat et sécurité de l’approvisionnement. Les experts qui ont discuté de ce thème le 27 février à Berne dans le cadre du traditionnel Forum Raiffeisen en étaient également conscients – même si des ébauches de solutions communes ont bien filtré.
En janvier 2023, le Conseil fédéral avait annoncé ses objectifs pour la législature 2023 – 2027. Numérisation et intelligence arti cielle, égalité des sexes, promotion de l’intégration, renouvellement des relations avec l’UE, protection du climat... Y avait-il autre chose? Ah oui, l’approvisionnement en énergie. En 25e et dernière position, quasiment en queue de peloton, on peut lire: «La Suisse assure la sécurité et la stabilité de l’approvisionnement énergétique et encourage le développement de la production nationale d’énergie renouvelable.» La Confédération énumère à peine cinq mesures à cet effet. Elles concernent l’approvisionnement en électricité, la loi sur l’approvisionnement en gaz et la stratégie sur l’hydrogène, attendue depuis longtemps et promise pour l’automne 2024.